Textes et poèmes d'Evelyne GENIQUE © 2020

 

À l'ombre d'une treille

Il prend son pinceau,
D'un trait il dessine
C'est le début de l'automne
Qui se pare peu à peu
De brun aux reflets d'ambre

Le vent fraîchit
Sensible au temps dehors
Dont les couleurs diffèrent !
Tout se colore en or et feu
Là assis sur un vieux tabouret
Pour tracer l'infini des éléments.

A l'ombre d'une treille,
Il a barbouillé sa palette
De sienne brûlée.
Ses gestes amples, harmonieux
Et, peu à peu, naît une forme...
Il s'essuie sur son tablier,
Contemple en tous sens...

Son corps figé devant la toile,
Son talent toujours s'éveille.
Au loin jaillit une lumière.
Il manque la musique
A son ballet des formes.

Les pinceaux sont rangés
Sur la palette des couleurs enchevêtrées.
La toile est parée
D'un paysage éblouissant.

***

Ce beau voyage

Pour commencer ce beau voyage je suis arrivée,
Pas loin… Là… À côté d'une forêt enchantée.
En poursuivant ma route, j'ai découvert, à travers le feuillage,
d'étranges silhouettes au loin qui se faufilaient.
Fées, elfes, dansaient au clair de lune.
Peu à peu mes pas se firent plus légers.
Devant moi, un tapis de mousse. Sur lui je me couchai.
Tout se taisait en l'instant et sur place, se figeait
Dans la nuit, je m'agenouillai au bord de la surface aux reflets d'argent
Dialoguant en silence avec la lune,
Je perçus le murmure d'un ruisseau où venaient boire les fées.

Le vieux hibou se réveillait en hululant à la nuit.

Je ne savais plus où j'étais ;
C'est alors qu'une fée vint me prendre la main
et me guida dans le cercle magique.
Le sous-bois était empli d'une brume légère .
De petites formes mystérieuses survolaient la verdure.
Derrière ce rocher, une ombre venait de passer.
N'avez-vous pas remarqué là ?
Un elfe coiffé d'une cupule en guise de bonnet.
un autre… vêtu d'une tunique couleur d'automne,
une fée couronnée de baie.

Mon imagination galopante m'emportait dans un tourbillon.
Vous souhaitez m'y retrouver ? Fermez les yeux…

Au-dessus de l'herbe humide, à travers les branches, souffle la brise.

Au détour du chemin la lumière se filtre…
C'est l'un des lieux magiques où on ne peut aller qu'à pied.

Un petit elfe est assis sur sa branche à regarder la lune.

Je me noie dans les yeux d'une fée d'une beauté enchanteresse
aux ailes scintillantes d'étoiles d'argent…

Une fleur avait osé poser sa corolle orangée entre ses mains de soie,
Et avait osé caresser ses douces joues.

Ses cheveux d'or sur ses épaules, étaient tout emmêlés de fleurs éparses :
Lilas à la senteur musquée, clématites, roses sauvages et tendres églantines…

Là, virevolte un papillon douceur gris bleu aux couleurs du temps,
Un autre jaune et ocre, puis un noir et blanc sur son petit pied
Deux escargots s'éloignent très émus.

Oh ! Le petit ver de terre qui goûte la pomme !...

Sous ses yeux ébahis, son pas souple et léger fait murmurer le vent.

Elle parle aux arbres,
Elle connaît depuis toujours la langue de la nature…
Les arbres mystérieux écoutent sans bruit…

Je suis prise d'une doucereuse envie de laisser aller mon esprit
qui s'est un instant posé sur ce livre où les papillons
avec leurs ailes finement sculptées et ciselées ne cessent
de venir et d'aller en cortège répandant une poudre scintillante…

Mes rêves m'entraînent, chaque nuit, très loin.
Je parcours le monde dans chaque recoin je crois d'abord que c'est irréel…

Une force secrète me retient.

Là, dans mon royaume de forêts et de fantômes,
sur le sentier qui mène au paradis,
Je contemple une forme présente qui s'élance éblouissante…

Je m'approche et je vois de la douceur.

De mes instants de rêveries profondes naissent des bonheurs à n'en plus finir…

Murmures et sons étranges m'environnent.

Une brise légère vient jusqu'à moi…

On y découvre des formes étranges, des personnages de contes de fées…
Cachées dans les bois, et les landes,
elles ne sortent de leurs cachettes qu'à la nuit tombée...

***

Happée par cet univers.

Le chevalet posé,
Peut-on rêver meilleur support
Pour exprimer la grâce ?
Il crée en cherchant,
Il cherche en créant.
Il peint, voulant combler le vide
De couleurs apaisées ;
Voyage dans le cosmique,
Les yeux dans l'infini.
En franchissant le clair-obscur de la réalité,
Avec mélancolie et sensibilité,
Il cherche la lumière,
D'un mouvement discontinu
Sur la toile il crée un dessin.
Les couleurs glissent,
Coulent comme une fine pluie.
Il suit son l'inspiration.
Je m'en approche...
J'ai croisé un regard, au milieu de nulle part,
Qui m'a fait perdre la tête.
J'essaie de déchiffrer ses esquisses.
C'est comme un paradis
Étrangement enchanté.
Tout devient important,
J'observe, prends le temps,
M'enivre de cette beauté
Qui illumine mon regard,
Tel celui d'un enfant,
Comme une étoile dans le matin.
Je flâne dans l'infini,
Au gré de mes envies,
Des rêves plein la tête,
J'écoute mes émotions...

***

Je suis une grande rêveuse

Rêver, c'est oublier la réalité
En se donnant un moment de liberté.
Rêver, c'est dire non à l'impossible
Mais aussi atteindre ce qui est inaccessible.

Rêver, c'est s'inventer des roses
Quand dans la vie il n'y a pas grand chose.
Rêver, c'est se promener dans son jardin secret
Aussi sereinement qu'un roitelet.

Rêver, c'est se créer un monde à soi
Illuminé par un soleil de joie.
Rêver, c'est toucher la beauté
Mais aussi émouvoir sa sensibilité.

Rêver, c'est broder un poème
Avec la soie d'un je t'aime
Sur le ciel de son cœur
Pour le donner à toutes les douleurs.

Rêver, c'est savoir se mentir
Et transfigurer la souffrance en plaisir.
Rêver, c'est pénétrer dans un autre univers
Où l'on ne voit ni la tristesse ni l'enfer.

***

La différence

Chaque être a droit à la différence,
Cela a certainement une importance,
Pour notre destinée …
Au détour des chemins,
Pourquoi tous ces regards posés sur moi ?
Pourquoi suis-je tellement montrée du doigt !
Mais quelle différence ?
Celle qui dérange !
Pourquoi devons-nous nous cacher ?
Pourquoi n'avons-nous pas le droit de nous aimer ?
Certaines fois j'aimerais entrer dans ton esprit,
J'y ressens beaucoup de tristesse,
À subir les injustices, les moqueries,
Il y a quelque part juste une différence…
Une fille qui aime une fille,
Un garçon qui aime un garçon,
Et alors !
Ce n'est pas un choix que l'on fait ;
C'est juste moi...
En quoi est-ce gênant ?
Qui êtes-vous pour juger ?
Quelle pauvreté d'esprit que de faire des différences !...
***

La nature

S'envolent mes pensées
Au-delà des près,
Voilés de brume
Gouttelettes éparpillées,
Sous le feuillage vert tendre
De bourgeons éclatés.

Dans l'ombre de ce vallon,
Des formes pointent,
Au milieu des fougères
Le soleil rayonne,
Dans la rosée s'ouvrent les fleurs
Habillées de couleurs pastels,
Elle naissent dans un mystère.

Mes yeux sont éblouis
Par cette beauté si pure
Aux senteurs subtiles
Forsythias étoilés
Magnolias princiers.

Une mélodie dans le ciel
Les pinsons sifflent
Une symphonie d'oiseaux dansent
Dans l'aube enchantée
Au loin une source
Murmure entre deux pierre...

La nature est pleine
D'instants merveilleux
De paysages enchantés.

***

L'invisible lien

Je touche l'artère invisible
Ce lien de soie qui nous relie
C'est un nouvel espoir... un instant sacré.

Ce monde invisible, qui éveille
Quelque chose de délicat, poétique, spirituel.

Mes doigts effeuillent l'insaisissable,
Là où enfin le cœur bascule, à l'infini.

Voilà que je regarde dans la vallée profonde,
Où reposent les vestiges des songes.

Je reviens sur mes pas vers l'abîme enfantin.

Il est bon de franchir chaque jour une étape,
Pour aller aussi loin que l'horizon.

***

Mon crayon.

Il est seul
Sur la page de mon cahier,
Il m'accompagne
Dans mes poèmes.

Sur le grain de la feuille blanche,
Des émotions que mon cœur déclenche,
Mes mots tombent en avalanche.

La gomme, recours ultime,
Corrige mes erreurs et fautes coriaces.

Rien ne m'arrête !
J'invente des merveilles,
J'habille les mots d'Amour,
J'ajoute des couleurs...

S'il sait se faire intense,
Quand il se lasse, il s'use,
Et cesse d'avoir un sens.

***

Mon cri !

Mon arme est ma plume,
Alourdie par les maux.
Je l'allège par mes mots.
Par la fenêtre, je regarde.
Devant mes yeux
S'étire un voile de brume.

Mes écrits sont un cri,
Un hurlement sans bruit.
Mon arme est ma plume.
Elle peut être mélancolique
Choquante, mais restera véridique.

Décrire ce qui me blesse,
Parler de ce qui m'agresse;
Communiquer ma joie,
Ma peine, mes délires...
Je garde en moi toutes ces peurs
Que personne ne peut prendre.

Ainsi ce qui reste,
Tout ce que j'ai de plus beau,
Ce sont les mots.
Laissant place à cette cruelle réalité,
Pourtant je suis là,
À aimer le monde,
À donner ce que j'ai de plus grand,
Le meilleur de moi-même.

***

Voile de brume

Le brouillard dépose des perles sur les branches.
Les tiges s'élèvent, toutes gelées.
Des fantômes givrés s'amusent.

Les herbes continuent de grelotter.
Des milliers de diamants brillent en avalanches.
Les sapins frissonnent, tout en finesse, dans le silence.

La bise, qui s'agite en arabesques folles,
Pique comme un démon,
Et mon corps tremble de ses frissons.
Rêve intense, chante la blanche nature,
Aux arbres parés de grandes chevelures immaculées.

J'écoute pleurer le vent, qui de ses assauts m'enivre;
Invisible dans le ciel, personne ne peut le consoler.
Il chasse le brouillard enveloppant du matin,
Qui a mis son écharpe autour de la colline.

L'automne s'aventure doucement,
Tel un couturier créateur de beautés en couleurs,
Suscitant à l'infini des sensations sublimes.

Comme un orchestre philharmonique,
Il joue une symphonie blanche,
Et le silence des notes sans couleur s'épanche.
Mon cœur est rempli d'étoiles qui flamboient,
Mes yeux sans arrêt sur le qui-vive brillent d'émois.

***