Cailhavel

Sources : Textes extraits de "La Malepère, entre malediction et bénédiction - un pays authentique" Opération "Villatges Al Pais" de Myriam JOLIVEAU et Philippe MARCY - Ouvrage disponible à la Mairie d'Alairac - 11290 - Occitanie

CAILHAVEL viendrait du mot occitan ' 'cailhau "qui signifie caillou et de "vel" : en val, dans la vallée ou plus simplement "enbas" (nom de consonance ibère), cette hypothèse est soutenue par la découverte en 1911 près de la maison COURTAULY d'une excavation presque ronde de 3 m de diamètre et de 1, 50 m de profondeur contenant des urnes funéraires emplies de cendres et d'ossements humains, ornementées de points saillants en verre. Les lbères qui pratiquaient l'incinération enterraient les leurs de cette manière.

Ce village construit en circonférence autour de son église, est situé non loin de CAILHAU, à une altitude comprise entre 194 m et 301 m (soit en moyenne 250 m environ). et d”une superficie de5,34 km2. CAILHAVEL un petit village agréablement ombragé, au milieu d'un paysage agricole de cultures céréalières et de vignes. Ces habitants sont les cailhavelais (es), ils sont au nombre de121. Ce village est intégré dans la communauté de communes du Limouxin et au canton de La Piège au Razès.

HISTOIRE

Au IVe siècle avant J .C., les Volkes, puis au IIe siècle après J .C., les Romains occupèrent toute la région. Suite à une longue paix romaine succéda une période troublée par des invasions barbares. Les Wisigoths envahirent le pays au Ve siècle. Ils furent refoulés par les Francs... il semble que c'est à cette période que le village fut fondé. Pour preuve, la découverte, par l'abbé A. COSTE (décrit sur son propre manuscrit au XVIII° siècle), de tombes renfermant à côté des squelettes, des ustensiles, des armes de bronze ou de fer et omements divers (plaques de ceinturons ou de baudriers, agrafes métalliques) et un triens d'or (monnaie antique) recueillis à peu de distance de ce cimetièré, indiquent une sépulture wisigothique. C'est sous le nom de ”Calavellum" que l'on découvre les traces de ce village dès 870.

Ravagée par les invasions, la région audoise devient dès le VIII° siècle, une terre de colonisation. C'est ainsi que la célèbre famille des OLIBA (famille qui régnera longtemps sur le vicomté de CARCASSONNE, reçut par une chatre de Charles LE CHAUVE (20 juillet 870, Histoire du Languedoc, t.1 p.177)) des droits très étendus de la Montagne Noire au Fresquel dans les Corbières et dans le Razès. Dans le Razès, OLIBA obtint MAZEROLLES, CAILHAU et SOLONELLO, identifié dans le dictionnaire de l'abbé SABARTHÈS comme étant CAILHAVEL (premier écrit connu qui signale l'existence du village).

Dicton du village : "à Calhavèl, tot es cièlh, los caçairots de Calhavèl sortisson lo citèl tantéuque veson un aucèl"( Geographía proverbiala- Alan ROCH- IEO Audene)

Blason de Sinople à l'hamaïde d'argent

Le Razès sera jusqu'à la croisade contre les Albigeois sous la suzeraineté des comtes de CARCASSONNE. En Mai 1191, de nombreux petits seigneurs de Razès, comme Guílhelmus et Raymundus DE CALLAV0 (CAILHAU) qui dépendaient sans doute

de CAILHAVEL, (dont l'histoire révèle une forte liaison entre ces deux villages), prêtent, à SAUZENS, serment de fidélité au jeune Raymond Roger, le futur TRENCAVEL.

Deux personnages natifs du village ont laissé un souvenir fort dans l'histoire de CAILHAVEL, ce sont : Un BRÉZILHAC (nom d'une localité voisine) et un CAILHAVEL qui se serait illustré au temps du siège de MONTSÉGUR.

Sinon ce village est celui au naquît Bertrand MARTY, fils majeur du grand GUILHABERT de CASTRES et dernier évêque cathare, mort à MONTSÉGUR sur le bûcher du 16 mars 1244.

C'est au cours du XII° siècle que ce serait développé la doctrine cathare. Le village et biens des villages au alentours (MONTRÉAL, VILLENEUVE DU RAZÈS, FANJEAUX...) étaient acquis au catharisme.

En 1209, l'ost nordique s'abat sur la région. CAILHAVEL se soumet immédiatement car aucun siège n'est noté dans l'Histoire.

Au début de ce siècle, NA CAVAERS co-seigneuresse de FANJEAUX avait des droits seigneuriaux sur CAILHAU et CAILHAVEL. Sa fille les donna en 1247 au prieuré de PROUILLE (annales du prieuré), où sa mère venait de rentrer. PROUILLE acquit par la suite bien d'autres droits sur CAILHAVEL en particulier des censives (terre sur laquelle était calculé le cens : redevance dû au seigneur d'un fiet), qu'il conserva jusqu”au XVIII° siècle.

Après le traité de TROYES en 1420, la région fut exposée aux ravages de routiers devenus pillards. En 1438, le Bâtard du BEARN, le capitaine SALAZAR et la Bâtard d”ARMAGNAc à la tête de 500 hommes, saccagèrent tout le Bas-Razès en particulier CAILHAU et CALHAVEL... les états de la Province durent leur donner

une forte somme pour qu”ils quittent la région (Fonds Lamothe- Histoire de Limoux)...

Vers 1573, les lieux comme QUILLAN, BUGARACH, SERRES, ROUVENAC, VILLELONGUE, BRUOAIROLLES, CAILHAU et autres sont aux mains des protestants, ils profitent de leurs retraites pour rançonner et piller les environs. Devant ces faits les consuls de LIMOUx sollicitent des secours auprès de LAVISTON gouvemeur de CARCASSONNE... Enfin avec l'avènement d'HENR1 IV, la paix se rétablit dans une région lassée et dévastée par tant de luttes inutiles.

Pas de faits remarquables sous la révolution sauf l'enlèvement des cloches. Le curé prête scrupuleusement serment à la constitution du clergé et un arbre de la Liberté fut planté vraisemblablement sur la place du village.

Sous NAPOLEON 1er, il a été retrouve le mortuaire d'un soldat du village mort à l”armée du PORTUGAL à CANTAREN en 1810. On note aussi de nombreuses réquisitions en blé avoine, millet, paille et fourrage.

LE CHÂTEAU

En 1630 , le château appartient au sieur DE MONTREDON.

Son frère Gabriel se marie avec Magdeleine DE REBOUL du diocèse de NARBONNE et prend en 1635 la direction de la seigneurie. De cette union, naîtra, Joseph DE MONTREDON qui mourra au champ d'honneur, et Marie DE MONTREDON qui épousera en 1653 Jean DE BELL1ssEN. Ainsi les BELLISSEN deviennent les seigneurs de CAILHAVEL et en resteront maître jusqu'à la Révolution.

Les BELLISSEN sont d'une ancienne famille (d'origine allemande) qui a occupé un rang considérable dans l'histoire de CARCASSONNE particulièrement au XV° et XVI° siècles. Les armes sont : d'Azur à 3 bourdons d'argent peint en pal, au chef cousu de gueules chargé de trois coquilles d'argent. Jean GIROU dans son livre <itinéraire en Terre d'Aude ›› donne une explication plus ou moins exacte, tout au plus originale sur ces armoiries. La famille BELL1SSEN MIREPOIX, comtes de MIREPOIX, était favorable à l'hérésie et fut dépouillé de ses biens. Simon DE MONTFORT obligea cette famille à mettre sur son blason les coquilles et les bourdons des pèlerins repentis.

Cette famille a compté des hommes remarquables dont plusieurs étaient des familles des rois. Elle était divisée en plusieurs branches, dont celle relative à CAILHAVEL désignée sous le nom DE HARCHE DE CAIHAVEL et qui va régner sur le village pendant les XVlI° et XVlII° siècles.

L'ÉGLISE SAINT MARTIN

L'église fut construite au XIII° siècle et fut mise sous la protection de Saint Martin.

Le portail est ce qui reste de l'ancienne église. Il est de fomne assez antique et de caractère gothique ou ogival bien prononcé. On peut voir encore au sommet de cette porte, un reste de sculpture rongé par le temps représentant Saint-Martin à cheval, ainsi que deux grosses figures pratiquement disparues aujourd'hui.

Le clocher originel était composé de cinq niches et trois cloches. Une représentation de ce clocher peut se voir au fond de l'église, elle est signée COSTE Alexandre (curé). En 1907, ce clocher présentait des lézardes et menaçait de tomber. Il a donc été refait, mais pas l'identique, le devis établit, fut reconsidérer à la baisse. Donc depuis cette époque, c'est un clocher d'une seule cloche. Des trois cloches qui ornaient le clocher de l'église avant la Révolution, une seule a traversé l'Histoire, les deux autres ont disparu à cette période. Sur celle qui demeure, une inscription se lit encore : << Sante Martine ora pronobis - 1643 ~ Noblesa Demoyselle Marguerite de Boyer Marraine ››. Dans les registres de 1643, il est fait mention de la bénédiction de cette cloche le 18 juin 1643.

L'ancienne église est désignée dans les anciens titres d' << Eccléssia Santi Martin de Cailavello ››. Elle était une cure avec des bénéfices et dîmes avant la Révolution. Monseigneur l'archevêque de NARBONNE en était le collateur. Elle appartient aujourd'hui au diocèse de CARCASSONNE et fait partie du doyenné d'ALAIGNE. La cure fut supprimée à la Révolution. Elle devient chapelle vicariale par ordonnance de Monseigneur de LAPORTE. En 1845, elle fut érigée en succursale par les soins et diligences de Monseigneur de GUALY et de M. PEYRE, avocat député de LIMOUX. Avant sa restauration en 1853, sur la largeur et sa longueur avec Plan dela nouvelle église des fermes d'un très mauvais effet, quelques fenêtres étroites et carrées l'éclairant à peine. Des constructions modemes et informés ont altéré le caractère primitif... À partir de 1848, on parle de rénover l'église. Mais il faudra attendre 1853, pour voir des réparations pour un coût de 6000 frs. Le plan de l'église est établi par M. BARE architecte et Maître COSTE Alexandre, curé de la paroisse. L'entrepreneur des travaux fut Noël ROUGER de Limoux. La charpente et la voûte sont des ouvrages d'Antoine GONDAL de VILLENEUVE. Lors de ces réparations, en démolissant le mur regardant vers le levant, construit en terre, ainsi que l'autel qui lui était adossé, on a mis à jour beaucoup d'ossements humains, des éclats de faïence très antiques et le buste de SAINT MARTIN. Ces ossements devaient être des seigneurs ensevelis dans l'église. Quatre clefs de voûte portent monogrammes suivants 1 «

Le 1°' sur fond rouge J .H.S. Jésus Salvador.

Le 2è'“° sur fond Bleu, A.M. Avé Maria.

Le 3è'“° sur fond vert, Saint-Martin. ÿ

Le 4ème sur fond orange,

signé Alexandre COSTE.

Ces inscriptions tendent à s'effacer avec le temps.

Les peintures du sanctuaire, ont été exécutées par MONCLA de CARCASSONNE et Alexandre COSTE (curé). Sur les dessins que celui-ci avait fournis, le blason ou écus placés dans les dispossitions des peintures sont ceux de Monseigneur BONNE- CHOSE, de PIE IX, de Monseigneur GUALY, de Monseigneur de LA BOUILLERIE, du diocèse de CARCASSONNE. Maître GASE aumônier de NOTRE-DAME de PROUILHE a exécuté la rosace du sanctuaire.

Les deux tableaux latéraux de l'autel représentant, l'un Saint Martin, patron de la paroisse, l'autre l'église (ancienne) et sur le second, le village et en ex-voto la Sainte

Vierge, sont des œuvres de COSTE Alexandre. Les autres tableaux peints dans la nef sont de M. Hippolyte COSTE, " professeur a l'ecole Saint-Louis a LIMOUX et frere du cure.

Un autre tableau qui n'a pu etre conservé representait Sainte-Anne enseignant a la Vierge Marie... Dans un des angles, on voyait un écusson de forme ovale portant sur un champ d'or, une main a droite tenant une croix de sable, avec le fiché de même ayant aussi sur la main une colombe

Le l9 avril 1854, fut le baptême du chemin de croix. Le curé de la paroisse fut délégué par Monseigneur l'archevêque. Cette cérémonie, présidée par Monseigneur BABY, grand vicaire de LIMOUX, eut lieu après la bénédiction des quatorze tableaux. Une procession dans le village suivit. Les stations du chemin de croix furent prêchées par Monseigneur CATUFFE chanoine de la cathédrale de CARCASSONNE. L'ég1ise petite dans ses proportions contenait plusieurs autels, dont une consacrée à la Sainte Vierge. Sur certains on découvre qu'un maître RICHARD curé de la paroisse fit enterré au milieu du chœur au devant du grand autel et que la noble Dame Marguerite DE BOERII (de BOYER), reçut la sépulture chrétienne en ce lieu devant l'autel de la Vierge en 1654. Ces autels ont disparu et on ignore aujourd'hui leurs emplacements.

Les objets anciens classés en 1964 : le tabernacle du maître autel en bois doré du XVIII° siècle, un meuble de sacristie dont la partie basse en bois sculpté du XVIII° siècle et une chaire de prêche en bois peint et sculpté du XVIII° siècle.

L'horloge de l'église SAINT-MARTIN daterait des années 1781.