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Les 30 justes « parmi les nations » de l'Aude
Par Mario Ferrisi 
Sociétaire de l'Académie des arts et des sciences de Carcassonne
(Sources AJPN et Comité français pour Yad Vashem)

N°1 et 2 : Joseph et Françoise Baron

Joseph et Françoise Baron et Achille et Alphonsine Henry vont sauver Esther Karger et ses enfants Elyane et Jean, né en 1940, nés à Carcassonne, ainsi que Rachel Karger.

Moshe Karger et son épouse Esther née Geller étaient originaires de Pologne et avaient émigré en France où ils s’étaient installés en 1936 à Carcassonne dans le département de l’Aude où naissent leurs enfants Elyane et Benjamin (dit Jean).
Les Allemands occupèrent le sud de la France en novembre 1942 et le propriétaire de l’appartement des Karger les prévint d’une rafle imminente. Moshe réussit à s’enfuir en Espagne où il fut emprisonné jusqu’à la fin de la guerre.
Esther trouva une cachette dans le grenier appartenant à leurs anciens voisins, Achille et Alphonsine Henry. Les enfants, quant à eux, furent placés à la campagne chez Hélène et Louis Guilhem*, des fermiers qui habitaient avec leur fille Denise, née en 1929, et la mère de Louis Guilhem à Alzonne dans le département de l’Aude. Ils gardèrent Elyane et Jean Karger de décembre 1942 jusqu’à la libération de la région durant l’été 1944.
Durant leur séjour, deux officiers allemands arrivèrent un jour à la ferme. Denise Guilhem, qui était adolescente à cette époque, affirma que Jean avait contracté la rougeole et elle leur fit peur au point qu’ils repartirent immédiatement. Denise se rendit à plusieurs reprises à Carcassonne pour donner des nouvelles de ses enfants à Esther Karger. Pour pouvoir nourrir ces bouches supplémentaires, Hélène Guilhem faisait des ménages dans la région contre de la nourriture. Bien que les villageois sachent que les enfants habitant chez les Guilhem* étaient juifs, personne ne les dénonça.

Après la Libération, Moshe Karger rejoignit sa femme à Carcassonne. Les Guilhem ramenèrent les enfants chez leurs parents. Quand Esther Karger demanda à Jean d’embrasser son père, le gamin embrassa Louis Guilhem* en disant que c’était son père.

Le 25 janvier 2012, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Justes parmi les Nations à Hélène et Louis Guilhem ainsi qu’à Achille et Alphonsine Henry. Le 8 décembre 2005, Joseph et Françoise Baron furent nommés Justes parmi les Nations.

N°3 et 4 : Eugène et Marie-Jeanne Bastouil

Eugène et  Marie-Jeanne Bastouil, éleveurs et cultivateurs, à Saint-Martin-Lalande (Aude) avaient un fils unique, Hubert, né en 1932. 
Leur ferme était proche d’un important dépôt de munitions où un grand nombre de soldats allemands faisaient des manœuvres en permanence et venaient se ravitailler à leur ferme.

En 1940, les Bastouil firent la connaissance de Suzanne Lévy. Parisienne d’origine juive, elle s’était repliée en zone sud au moment de l’exode, d’abord à Mont-Marsan, ensuite à Castelnaudary. Elle était accompagnée de ses parents, plus tard assignés à résidence dans un petit village où ils ne furent pas inquiétés, et de son fils Pierre, né en 1928. 
Suzanne loua une petite maison près de Castelnaudary et scolarisa son fils. Son mari, ingénieur diplômé de Centrale, avait été mobilisé comme officier d’artillerie et fait prisonnier de guerre par les Allemands. Il vécut toute la période de la guerre en captivité en dépit de deux tentatives d’évasion échouées. Une des préoccupations principales de Suzanne était de lui faire parvenir des colis de nourriture dans des boîtes en aluminium qu’elle stérilisait elle-même et fermait hermétiquement. A cet effet, elle allait régulièrement en vélo se ravitailler chez  Eugène et  Marie-Jeanne Bastouil. 

En mars 1943, la police française se présenta chez les Lévy pour les arrêter. Pierre était au collège. Sa mère, prétextant prendre des affaires, réussit à s’enfuir par la porte de la cour intérieure. Elle enfourcha son vélo et se rendit directement chez  Eugène et  Marie-Jeanne Bastouil qui la cachèrent dans leur grange.  Marie-Jeanne Bastouil partit immédiatement chercher Pierre au collège. 
Eugène et  Marie-Jeanne Bastouil les hébergèrent durant un mois à titre gracieux, s’occupant de leur nourriture et de leur bien-être. Suzanne put entre temps organiser leur hébergement à la maison de retraite des Anciens Elèves de Centrale au lieu-dit Ampuillac où ils restèrent jusqu’à la Libération.

N°5 : Juliette Bazille

Juliette Bazille tient une épicerie à Carcassonne pendant la guerre et a pour cliente, Madeleine Dreyfus qui habite juste à côté.

Madeleine Dreyfus, qui était veuve, ses trois fils, nés en 1929, 1933 et 1936, ainsi que la tante se sauvèrent à Carcassonne, lorsque les Allemands envahir Paris, c'est-à-dire dans la zone non occupée. Madeleine Dreyfus s'était liée d'amitié avec Juliette Bazille.
Juliette Bazille ne savait pas ce qu'était un Juif, étant donné qu’elle n’en avait jamais vu avant la guerre. Pour elle, tout ceux qui venaient faire leurs courses dans son magasin étaient des personnes comme les autres.

Juliette Bazille devint membre d’un groupe de Résistance quand les Allemands entrèrent en novembre 1942 dans la zone sud. Comme son mari collaborait avec les occupants elle devait faire très attention dans ses activité comme quand elle apportait de l’aide à la famille Dreyfus. Juliette Bazille trouva des élèves à Madeleine pour qu’elle enseigne diverses matière et afin qu’elle puisse gagner de quoi faire vivre sa famille. Les parents des élèves de Madeleine Dreyfus pouvaient payer en nourriture car ils avaient les moyens nécessaires. Juliette invitait souvent la jeune femme et ses enfants chez elle.

Au début de l'année 1943, Juliette Bazille sut par ses contacts dans la résistance, que les Allemands voulaient arrêter et déporter les Dreyfus vers l'est. Elle se dépêcha de leur donner des faux papiers et lorsque les gendarmes étaient venus les arrêter elle cacha la famille Dreyfus.

Grâce à son action les Dreyfus furent sauvés et ont pu ainsi partir dans un petit village situé tout près de Carcassonne. Ils rencontrèrent de nouveau Juliette Bazille, cette femme si courageuse à qui ils devaient leur vie.
Ils restèrent en contact avec Juliette Bazille jusqu’à sa mort quand ils sont revenus à Paris.

L'histoire de Juliette Bazille a inspiré le téléfilm de Patrick Volson Le temps de la désobéissance (Grand prix du festival de Luchon. Grand prix du festival de Nice du film sur la résistance).

N°6 et 7 : Lucien et Agnès Bertrand


Lucien et Agnès Bertrand sont boulangers à Lagrasse et vivent et leurs trois filles dans ce joli village située dans les Corbières, dans le département de l’Aude, en zone sud.

Paula Niger, après avoir été par chance libéré du camp de Gurs, fut assignée à résidence dans cette ville début 1941 et y avait loué une maison, avec l’aide d’une organisation juive de Carcassonne. En tant que juive, elle n’avait pas le droit de travailler, l'ensemble de ses papiers d'identité portant distinctement la mention JUIVE.
Paula cachait dans le grener de sa maison un autre réfugié juif, Martin Tattman.

En mai 1944, elle appris que la Gestapo s’apprêtait à lancer une opération dans le village, destinée à arrêter les Juifs et les résistants. Elle chercha de l’aide. 
Elle demanda tout d’abord à l'épouse du commandant de gendarmerie, dont le fils avait été recquis pour le STO. Le commandant lui dit qu’il ne la dénoncerait pas, ni elle ni son compagnon, mais qu’il ne pouvait pas faire plus.
Le médecin de Lagrasse, quant à lui, était prêt à l’aider, mais pas à aider son compagnon, pensant qu’il était trop risqué d’aider deux personnes.

Paula s'est alors souvenu que Lucien Bertrand*, faisait des rondes périodiques pour livrer du pain dans les villages environnants et qu’il connaissait peut-être une cachette dans la région chez des paysans compatissants.
Elle vint alors à la boulangerie, et y trouva Agnès Bertrand. Elle lui dit le but de sa visite. Agnès* lui promis de discuter avec son mari Lucien* et lui suggère de revenir dans deux heures. 
"Ces deux heures m’ont semblé une éternité" se souvient Paula, "et que ce serait-il passé si Monsieur Bertrand* avait refusé ?"

Elle revint deux heures plus tard et Lucien Bertrand*, conscient du danger que courait Paula, lui proposa sans hésiter de la cacher dans une petite pièce au-dessus du four à pain si elle ne trouvait pas de meilleure cachette.

Paula, émue aux larmes commença par refuser : d’une part elle n’avait pas d’argent pour payer et de l’autre il y avait Martin Tattman qu’elle cachait depuis huit mois. Le boulanger déclara sans hésitation qu’ils acceptaient également la présence de l’ami juif de celle-ci, et refusa toute rémunération. Agnès ajouta : "Nous ne voulons pas d'argent, ni maintenant, ni jamais. Si nous pouvons vous aider, ce sera notre récompense".

Devant les risques qu’impliquait une telle action, ils insistèrent sur la nécessité de garder le secret même à leurs trois filles.

Tard dans la nuit, Paul et Martin déguisé en femme s’introduisaient dans la maison. Les Bertrand* firent tout ce qu’ils pouvaient pour qu’ils se sentent aussi bien que possible.
Ils ne devaient pas sortir. Les Bertrand leur amenaient tout ce dont ils avaient besoin, dont de l’eau pour asperger le plancher lorsque le four fonctionnait.

Évidemment, leurs filles âgées de 7 à 11 ans se rendirent compte qu’il se passait quelque chose. Les parents leurs expliquèrent alors que deux personnes qui courraient un grave danger se cachaient dans la maison, que c’était un secret qu’il ne fallait révéler à personne, pas même à des parents ou à des amis. Les petites comprirent la situation et promirent de garder le silence. Lucien se sentit soulagé maintenant que les enfants étaient dans le secret.

Trois mois plus tard, la Gestapo qui avait appris qu'un chef de la résistance locale était venu à la boulangerie des Bertrand*, menaça Lucien d’une perquisition minutieuse des locaux. 
Paula et Martin trouvèrent alors une autre cachette.

Le boulanger, emmené par la Gestapo fut torturé, mais ne parla pas.

Remis en liberté, il continua à envoyer, par l’intermédiaire de ses filles, des colis de nourriture aux jeunes gens jusqu’à la Libération en août 1944.

Paula et Martin se marièrent à la fin de la guerre et émigrèrent aux États-Unis en 1953. Ils gardèrent le contact avec les Bertrand* qu’ils appelaient "les anges qui nous ont sauvés".

N° 8 : Danielle Chamant-Chantereau


En juillet 1940, Danielle Chamant, âgée de 18 ans, trouve refuge en Haute-Garonne avec sa famille expulsée de Moselle.
Danielle Chamant* devient assistante sociale. Elle est affectée au Secours National de Carcassonne dont le directeur est Georges Roty.
Elle est chargée de l'action sociale.
Cette association caritative, fondée en 1914, a été réactivée en 1939 par Vichy afin "de compléter l'action des pouvoirs publics et coordonner l'action des œuvres privées dans leur aide aux populations civiles éprouvées par la guerre".
Un décret daté du 23 juillet 1940 attribue au Secours National le produit issu de la liquidation des biens des Français déchus de leur nationalité. Le décret du 4 octobre 1940, lendemain de la promulgation du premier statut des Juifs, place le Secours national sous la haute autorité du maréchal Pétain.
Le Secours national échappe au contrôle des préfets régionaux. L’organisme, puissant instrument de propagande, prend une importance croissante au fil des années de la collaboration. Il a le monopole des appels publics à la générosité et des subventions de l’État ou des collectivités locales. Le produit de la loterie nationale lui est attribué à partir d’octobre 1940.
En 1944, le Secours National deviendra l’Entr'Aide française.
Nombreuses furent les assistantes sociales qui face à la politique de plus en plus répressive du gouvernement de Vichy choisirent d'aider des personnes persécutés. Le Secours National sert alors de couverture pour aider les Juifs menacés de déportation.
Danielle Chamant y rencontre Nicole Bloch, une résistante juive, qui se consacre à la même mission. Mais lorsque Nicole sera à son tour traquée, c'est Danielle Chamant qui lui offrira un abri chez elle.

N° 9 - 10 - 11 - 12 - 13 : Etienne Dès -Henriette Dès - Marius Dès - Philippine Dès - Marie Pech


La famille Dès-Pech est une vieille famille d'Arzens, petit village de l'Aude à une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Carcassonne.
Marius Dès et son frère Étienne Dès sont mariés aux sœurs Pech, les filles de Marie Pech.
Marius est l'époux de Philippine, tandis qu'Étienne est marié à Henriette.
En 1942, Marius Dès et son épouse Philippine vivent et travaillent à Paris : lui est fonctionnaire de police à la préfecture.
Dans leur immeuble réside une famille de confession juive, les Zlotnick, avec qui ils se sont liés d’amitié.
Les rafles se succèdent dans la capitale jusqu’au jour où Marius Dès* apprend que son immeuble est visé, que ses voisins déjà contraints de porter l’étoile jaune, sont sur la liste.
Confiant, Jacques Zlotnick refuse de fuir. Malheureusement, il sera arrêté, dirigé vers Drancy et déporté à Auschwitz d’où il ne reviendra pas.
Très vite, Marius Dès, connu et honoré après-guerre comme résistant, va fournir de faux papiers au nom de "Germain" et diriger vers le sud, encore libre (pas pour longtemps) Rachel Zlotnick et ses deux enfants Gaston, 13 ans, et Liliane, 5 ans, chez son frère Étienne Dès qui vit avec son épouse Henriette, leur fille Paulette, et la mère de Philippine* et Henriette, Marie Pech.
Rachel Zlotnick et ses deux enfants Gaston et Liliane passeront près de trois ans dans l’Aude, à Arzens, de 1942 à 1944 avant de regagner Paris.
Jamais un habitant d'Arzens n'a dévoilé la présence et l'identité de cette famille juive dans la commune.
Le 8 mai 2010, l'impasse du Cers a été renommée "Impasse des Justes".

Philippine Dès

Marie Pech

N° 14 : Albert Gau

Albert Gau, prêtre à Carcassonne, très actif dans les mouvements de jeunes catholiques, est également aumônier dans un lycée de Carcassonne.
Après les rafles de 1942, Nicole Bloch, âgée de 17 ans, lui demande de l'aider à trouver des caches et de faux papiers pour de jeunes juifs en attendant de leur faire passer la frontière vers l'Espagne. Il accepte aussitôt.
Nicole Bloch et son futur mari, René Klein, deux jeunes résistants juifs membres de l'OSE et dans la Sixième, organisation clandestine créée par les Éclaireurs Israélites de France, commencent alors à envoyer à l'abbé Albert Gau des enfants juifs qu'il disperse dans divers institutions religieuses et familles chrétiennes.
L'abbé Albert Gau joue de ses contacts pour leur fournit de faux papiers, des cartes d'alimentation, des certificats de baptême.
Nicole Bloch, quant à elle, prend soin en tant qu’assistante sociale des jeunes planqués en leur rendant régulièrement visite jusqu’à la Libération.
Le centre de jeunesse ouvrière chrétienne qu'il dirige à Carcassonne devient un refuge temporaire pour les jeunes juifs avant leur placement. Il y ouvre même un service de restauration pour les nourrir. Les gendarmes français, tout comme les Allemands y font plusieurs descentes mais ne trouvèrent jamais rien.
A plusieurs reprises, l'abbé Albert Gau soupçonné en raison des nombreux visiteurs du centre et de son activité accrue, dut fuir les gendarmes français et la Gestapo. Ils ne trouvèrent jamais de faux papiers.
Ce prêtre modeste, dont l'action décisive et courageuse dans le Comité de Libération de l'Aude lui a valu la médaille du Juste et celle de la résistance, poursuivi son engagement dans le champ politique après la guerre, en mettant au service de ses convictions et de sa région sa force de travail et de persuasion en tant que député de l'Aude à l'Assemblée Nationale ainsi qu'en tant que journaliste et Président des mouvements catholiques de jeunesse.
Il publia de nombreux articles contre le fascisme et le nazisme et en faveur de l'État d'Israël.

 

N° 15 et 16 : Hélène et Louis Guilhem


Joseph et Françoise Baron et Achille et Alphonsine Henry vont sauver Esther Karger et ses enfants Elyane et Jean, né en 1940, nés à Carcassonne, ainsi que Rachel Karger.
Moshe Karger et son épouse Esther née Geller étaient originaires de Pologne et avaient émigré en France où ils s’étaient installés en 1936 à Carcassonne dans le département de l’Aude où naissent leurs enfants Elyane et Benjamin (dit Jean).
Les Allemands occupèrent le sud de la France en novembre 1942 et le propriétaire de l’appartement des Karger les prévint d’une rafle imminente. Moshe réussit à s’enfuir en Espagne où il fut emprisonné jusqu’à la fin de la guerre.
Esther trouva une cachette dans le grenier appartenant à leurs anciens voisins, Achille et Alphonsine Henry. Les enfants, quant à eux, furent placés à la campagne chez Hélène et Louis Guilhem, des fermiers qui habitaient avec leur fille Denise, née en 1929, et la mère de Louis Guilhem à Alzonne dans le département de l’Aude. Ils gardèrent Elyane et Jean Karger de décembre 1942 jusqu’à la libération de la région durant l’été 1944.
Durant leur séjour, deux officiers allemands arrivèrent un jour à la ferme. Denise Guilhem, qui était adolescente à cette époque, affirma que Jean avait contracté la rougeole et elle leur fit peur au point qu’ils repartirent immédiatement. Denise se rendit à plusieurs reprises à Carcassonne pour donner des nouvelles de ses enfants à Esther Karger. Pour pouvoir nourrir ces bouches supplémentaires, Hélène Guilhem faisait des ménages dans la région contre de la nourriture. Bien que les villageois sachent que les enfants habitant chez les Guilhem étaient juifs, personne ne les dénonça.
Après la Libération, Moshe Karger rejoignit sa femme à Carcassonne. Les Guilhem ramenèrent les enfants chez leurs parents. Quand Esther Karger demanda à Jean d’embrasser son père, le gamin embrassa Louis Guilhem* en disant que c’était son père.
Le 25 janvier 2012, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Justes parmi les Nations à Hélène et Louis Guilhem ainsi qu’à Achille et Alphonsine Henry. Le 8 décembre 2005, Joseph* et Françoise Baron* furent nommés Justes parmi les Nations.

 

N° 17 et 18 : Achille et Alphonsine Henry


Entre 1941 et 1945, Achille et Alphonsine Henry, à Carcassonne, et Louis et Hélène Guilhem, à Alzonne, protègent et sauvent la famille Karger, des Juifs polonais menacés de déportation et leurs enfants : Rachel, Elyane, Benjamin (dit Jean).
Jean Karger était âgé d'un an et demi en 1941. C'est enveloppé dans un sac que Jean sera conduit jusque chez ses protecteurs, à Alzonne. Enfant chétif, qui avait toujours froid, Hélène Guilhem* le prenait dans son lit pour le réchauffer". Les Guilhem* allaient devenir sa seconde famille.
Jean est à l'origine des démarches pour faire reconnaître le geste courageux des Henri et des Guilhem.

 

n°19 : Gérard Persillon


Gérard Persillon, nommé commissaire de Police depuis le 8 juillet 1942, est affecté à Limoux.
Résistant, il passera en Espagne au printemps 1944 pour aller en Afrique du Nord où il rejoindra les forces de la France Libre.
Moszek Hauszwalb, le père de Perla, était le descendant de Kazimierz Dolny d’une famille de chapeliers. Les deux frères ainés de Moszek, Henri et Maurice sont arrivés en France après la première guerre mondiale et ont démarré une entreprise de confection de chapeaux. Moszek épouse Mala Rywka Akselrad, fille d’un commerçant aisé de Varsovie. Le couple s’installe à Pulavi, et a cinq enfants (trois filles et deux garçons), dont Perla, née en 1928, est la plus jeune. La mère Mala Rywka essaie de démarrer une petite boutique de chapeaux. Les affaires ne marchent pas et en 1929 Moszek décide de rejoindre ses frères en France, en espérant faire venir rapidement sa femme et ses enfants restés en Pologne. Malheureusement il tombe malade en France, rentre en Pologne où il décède en 1931.
En janvier 1933, Mala Rywka et ses cinq enfants arrivent en France pour rejoindre les frères de Moszek à Paris. La fille ainée Hélène et les deux garçons travaillent dans l’atelier de chapeaux de leurs oncles au 30 Rue Vieille du Temple (« Société France Chapeaux).
En juillet 1942, le jour de la rafle du Vel d’Hiv Perla, âgée de 14 ans, avait rendez-vous avec sa mère et sa sœur Bella devant la station de métro Hôtel de Ville. Ne les voyant pas venir, Perla rentre à la maison, trouve des scellés sur la porte, essaie d’obtenir les clés au Commissariat dont le Commissaire lui demande de partir vite. Finalement elle va chez une tante, Fanny Akselrad, dont le mari était prisonnier de guerre en Allemagne.
Après la guerre, Perla apprendra que sa mère et sa sœur sont restées à Drancy et déportées sans retour le 24 juillet 1942.
La tante Fanny organise le départ de Perla pour Espéraza près de Carcassonne en zone libre, où elle devait retrouvé son frère Shlomé et ses oncles. Elle part avec une famille qui voulait passer aussi en zone libre, se sépare de cette famille (qui voulait aller en zone d’occupation italienne) et arrive seule à Carcasonne. Le départ avait été organisé par les Eclaireurs Israelites et Perla avait reçu une fausse carte d’identité au nom de Paulette Rivière. Elle avait 14 ans à l’époque.
A Espéraza elle retrouve son frère Shlomé, ses oncles Henri et Maurice et la femme de ce dernier, Rosette. Après une tentative non réussie de prendre un bateau pour les Etats Unis, Oncle Maurice va avec Perla au Collège de Limoux qui desservait toute la région, explique la situation à la Directrice, Germaine Rousset* qui accepte d’inscrire la fille pour l’année scolaire. Maurice paiera d’avance les frais d’internat pour l’année scolaire.
Perla va passer quatre ans au Collège de Limoux. La Directrice était au début réservée à son égard, mais Perla s’est liée d’amitié avec les enfants de cette dernière. Elle a eu froid, elle a eu faim, mais elle s’était très bien intégrée.
Après l’occupation de la zone libre, oncle Maurice est envoyé a Majdanek suite à une dénonciation. Oncle Henri avec la femme et les enfants de Maurice ainsi que Shlomé, le frère de Perla réussissent à passer en Suisse. Germaine Rousset va protéger Perla pendant toute cette période. Grace à son intervention, Perla obtiendra des faux papiers d’identité, émis par Gérard Persillon*.
Sans la vraie-fausse carte d’identité au nom de "Perla Auswald", délivrée en toute connaissance de cause par le Commissaire Gérard Persillon*, Germaine Rousset* n’aurait pas eu la possibilité d’héberger Perla dans son Collège.
En 1944, comme personne ne payait les frais d’internat de Perla, Germaine Rousset s’est arrangée pour qu’une famille de la région l’embauche au pair pendant les vacances scolaires comme perceptrice des enfants. Par la suite, Perla sera nommée surveillante au pair à l’école.
Perla s’est mariée, a aujourd’hui des enfants et des petits enfants. Elle est revenue en 1998 à Limoux où elle a rencontré des amis et des amies avec lesquels elle avait partagé les années au Collège.
Le commissaire Gérard Persillon, quant à lui, s'engage très vite dans la résistance. Membre du SSMF-TR et de l'AS, il accueille et assure la sécurité d'agents venus d'Alger, fabrique et fournit de faux-papiers, recueille de précieux renseignements (dont des informations qui sauvent le maquis de Picaussel), organise des passages clandestins à la frontière espagnole (dont celui d'un groupe de l'anncienne unité du général de Lattre). Informé de son arrestation prochaine, il fuit vers l'Espagne et Barcelone le 26 mai 1944 avant de rejoindre la France Libre à Alger. Après-guerre, il poursuit sa carrière dans la police. Il prend sa retraite en juin 1975, étant alors en poste à la direction départementale des polices urbaines à Marseille.
En octobre 2014, Gérard Persillon, âgé de 94 ans, reçoit la Légion d'Honneur.

photo La dépêche

 

 

n° 20 : M. Jean Georges Roty
Date de naissance : 29/10/1892
Date de décès : 01/07/1973


Profession : Directeur régional du Secours National


Jean Georges Roty était le directeur de la branche régionale du Secours National à Carcassonne dans le département de l’Aude. Cette organisation avait été créée par le gouvernement français dans les premiers jours de l’occupation allemande pour offrir des services sociaux à la population. Danielle Chamant travaillait au Secours National. Pendant la guerre, Jean Georges Roty et Danielle Chamant aidèrent René Klein et Nicole Bloch, des membres de la “Sixième”, une organisation résistante juive établie par les EIF (Eclaireurs Israélites de France), des scouts dont la mission première était de cacher des enfants juifs.
Jean Georges Roty procura des faux papiers d’identité à Nicole Bloch qui s’appelait désormais Nicole Blecher et qui était employée par le Secours National comme travailleuse sociale. Cela lui permit de continuer ses activités de résistance en toute sécurité. Fin 1942, Nicole Bloch contacta l’Abbé Albert Gau qui les aidait à trouver des caches pour des jeunes enfants juifs dans des institutions chrétiennes et dans des familles. L’Abbé Albert Gau utilisait ses contacts avec les officiels du gouvernement de Vichy pour obtenir des cartes d’alimentation et des faux papiers pour des réfugiés juifs et il put fournir à de nombreux autres Juifs des faux certificats de baptême et de naissance.
Danielle Chamant accompagnait souvent les enfants juifs dans le lieu où ils allaient être hébergés, dans des pensionnats catholiques, malgré les risques encourus et elle leur fournissait également de fausses cartes d’alimentation.
Après la guerre, Nicole Bloch épousa René Klein et ils s’installèrent en France.
Le 31 mai 2010, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Jean Georges Roty et à Danielle Chamant.

N° 21 : Germaine Rousset

Germaine Rousset est directrice du collège de Limoux.
Gérard Persillon est un jeune Commissaire de Police, affecté à Limoux. Il fait partie de la Résistance.

Moszek Hauszwalb, le père de Perla, était le descendant de Kazimierz Dolny d’une famille de chapeliers. Les deux frères ainés de Moszek, Henri et Maurice sont arrivés en France après la première guerre mondiale et ont démarré une entreprise de confection de chapeaux. Moszek épouse Mala Rywka Akselrad, fille d’un commerçant aisé de Varsovie. Le couple s’installe à Pulavi, et a cinq enfants (trois filles et deux garçons), dont Perla, née en 1928, est la plus jeune. La mère Mala Rywka essaie de démarrer une petite boutique de chapeaux. Les affaires ne marchent pas et en 1929 Moszek décide de rejoindre ses frères en France, en espérant faire venir rapidement sa femme et ses enfants restés en Pologne. Malheureusement il tombe malade en France, rentre en Pologne où il décède en 1931.

En janvier 1933, Mala Rywka et ses cinq enfants arrivent en France pour rejoindre les frères de Moszek à Paris. La fille ainée Hélène et les deux garçons travaillent dans l’atelier de chapeaux de leurs oncles au 30 Rue Vieille du Temple (« Société France Chapeaux).

Le jour de la rafle du Vel d’Hiv Perla, âgée de 14 ans, avait rendez-vous avec sa mère et sa sœur Bella devant la station de métro Hôtel de Ville. Ne les voyant pas venir, Perla rentre à la maison, trouve des scellés sur la porte, essaie d’obtenir les clés au Commissariat dont le Commissaire lui demande de partir vite. Finalement elle va chez une tante, Fanny Akselrad, dont le mari était prisonnier de guerre en Allemagne.

Après la guerre, Perla apprendra que sa mère et sa sœur sont restées à Drancy et déportées sans retour le 24 juillet 1942.

La tante Fanny organise le départ de Perla pour Espéraza près de Carcassonne en zone libre, où elle devait retrouvé son frère Shlomé et ses oncles. Elle part avec une famille qui voulait passer aussi en zone libre, se sépare de cette famille (qui voulait aller en zone d’occupation italienne) et arrive seule à Carcasonne. Le départ avait été organisé par les Eclaireurs Israelites et Perla avait reçu une fausse carte d’identité au nom de Paulette Rivière. Elle avait 14 ans à l’époque.

A Espéraza elle retrouve son frère Shlomé, ses oncles Henri et Maurice et la femme de ce dernier, Rosette. Après une tentative non réussie de prendre un bateau pour les Etats Unis, Oncle Maurice va avec Perla au Collège de Limoux qui desservait toute la région, explique la situation à la Directrice, Germaine Rousset* qui accepte d’inscrire la fille pour l’année scolaire. Maurice paiera d’avance les frais d’internat pour l’année scolaire.

Perla va passer quatre ans au Collège de Limoux. La Directrice était au début réservée à son égard, mais Perla s’est liée d’amitié avec les enfants de cette dernière. Elle a eu froid, elle a eu faim, mais elle s’était très bien intégrée.

Après l’occupation de la zone libre, oncle Maurice est envoyé a Majdanek suite à une dénonciation. Oncle Henri avec la femme et les enfants de Maurice ainsi que Shlomé, le frère de Perla réussissent à passer en Suisse. Germaine Rousset va protéger Perla pendant toute cette période. Grace à son intervention, Perla obtiendra des faux papiers d’identité, émis par Gérard Persillon.

Sans la vraie-fausse carte d’identité au nom de "Perla Auswald", délivrée en toute connaissance de cause par le Commissaire Gérard Persillon, Germaine Rousset* n’aurait pas eu la possibilité d’héberger Perla dans son Collège.

En 1944, comme personne ne payait les frais d’internat de Perla, Germaine Rousset s’est arrangée pour qu’une famille de la région l’embauche au pair pendant les vacances scolaires comme perceptrice des enfants. Par la suite, Perla sera nommée surveillante au pair à l’école.

Perla s’est mariée, a aujourd’hui des enfants et des petits enfants. Elle est revenue en 1998 à Limoux où elle a rencontré des amis et des amies avec lesquels elle avait partagé les années au Collège.

Germaine Rousset
source photo : Yad Vashem
crédit photo : D.R

Germaine Rousset
source photo : Yad Vashem
crédit photo : D.R

N° 22 - 23 - 24 : Antonin Costes - Pauline Costes - Juliette Costes-Rey

Pendant l'Occupation, Pauline et Antonin Costes vivaient à Puginier, petit village situé à sept kilomètres environ de Castelnaudary, dans l'Aude. Les Allemands occcupèrent cette région en novembre 1942. Fermiers, les Costes vivaient de la vente des oeufs et autres produits de la ferme. Un de leurs clients était Georges Lévy, dont la famille habitait Castelnaudary. Il faisait partie de la Résistance. Après les premières arrestations de Juifs dans la contrée, le commandant de son réseau l'avertit de mettre à l'abri ses enfants - Nicole, quatre ans, et Philippe, deux ans - lui conseillant de les envoyer chez les Costes. Juliette, la fille de ces derniers, qui avait alors dix-neuf ans, faisait en effet office de courrier pour le réseau. Georges Lévy se présenta donc chez les Costes à Puginier, leur révéla qu'il était juif et demanda aux fermiers d'héberger ses enfants. Le lendemain, Juliette se rendit chez lui à bicyclette. Elle emportait du tissu pour pouvoir prétendre, en cas de contrôle, les routes étant étroitement surveillées, qu'elle se rendait chez une couturière qui habitait l'immeuble des Lévy. Juliette avait l'intention de n'emmener qu'un seul enfant. Mais les petits refusèrent de se séparer, pleurant à chaudes larmes. Emue, elle se laissa convaincre de les prendre tous les deux. Elle les installa dans une petite charrette qu'elle attacha à sa bicyclette et rentra chez elle à la nuit tombée. L'arrivée des deux petits juifs n'éveilla pas les soupçons des voisins, car la Croix-rouge avait déjà placé plusieurs orphelins à la ferme. Néanmoins, l'endroit était dangereux pour des enfants juifs. La Wehrmacht effectuait des manœuvres dans la région; les soldats allemands avaient réquisitionné le centre communal de Puginier et faisaient souvent des descentes dans les fermes, à la recherche de maquisards ou plus simplement pour se ravitailler. Les petits Lévy, qui avaient pris des noms d'emprunt, vécurent pourtant chez les Costes jusqu'à la Libération, en août 1944. Nicole fréquentait l'école du village et y suivait les cours d'instruction religieuse catholique avec ses camarades. Les Costes cependant, expliquaient aux deux enfants qu'ils devaient garder leur identité et leur enseignaient les principes de la morale et de la justice. A la fin de la guerre, les fermiers firent de grands efforts pour réunir toute la famille Lévy, avec laquelle ils continuèrent à entretenir des relations amicales de longues années durant.

Le 27 janvier 1986, Yad Vashem a décerné à Antonin, Pauline et Juliette Costes le titre de Juste des Nations. 

 

N° 25 - 26 : Marcel et Louise Drugy

Marcel Drugy, qui était artisan, habitait à Belvis (Aude) avec sa femme Louise. Des Juifs de la Sarre, les Lion, s'étaient installés dans ce village avant la guerre. M. Lion était cordonnier et ses quatre enfants travaillaient chez des paysans des environs. En 1942, Bruno, l'aîné, épousa Léa Zinet, une réfugiée juive d'Allemagne; le couple eut une petite fille, Sylvie. Les villageois les considéraient avec sympathie mais lorsque les Allemands occupèrent le sud de la France en novembre 1942, la situation devint alarmante. Le bruit courut que le commandant de la gendarmerie locale s'apprêtait à arrêter Bruno et sa femme. Marcel Drugy vint au secours des réfugiés, cachant chez lui toute la famille Lion chaque fois qu'une nouvelle vague d'arrestations s'annonçait. Il avait trouvé, aux environs du village, plusieurs grottes secrètes où les fugitifs pouvaient se refugier en cas d'urgence. Après la guerre, Léa témoigna que les Drugy lui avaient promis que s’il lui arrivait quelque chose, ils prendraient soin de la petite Sylvie.

N° 27 - 28 : Paul et Marie Gründrich

Paul Grundrich enseignant dans un établissement technique, habitait avec sa femme Marie à Sallèles (Aude), banlieue de Carcassonne. Le couple avait été frappé par la mort tragique de leur fils unique. La famille Rottenberg, les parents et Sylvia leur bébé de quelques mois, réfugiés de Belgique dans le sud de la France, avaient été internés dans un camp. Ils réussirent à se faire libérer et s’installèrent à Sallèles où ils rencontrèrent les Grundrich. En août 1942, les autorités de Vichy procédèrent à l’arrestation des Juifs étrangers et pour leur sécurité, les Rottenberg décidèrent de se disperser. Sylvia fut confiée à Paul et Marie qui l’emmenèrent avec eux à Axat où Paul avait reçu une nouvelle affectation. Grâce à Georges Sacaze, conseiller municipal, Sylvia fut inscrite sur le livret de famille des Grundrich à la place de leur fils décédé. Sacaze fit l’enregistrement officiel malgré les risques qu’il encourait, car, dirigeant syndicaliste de longue date, il faisait partie de la Résistance alors que le maire était collaborateur. Sylvia, appélée dès lors Sylvette, vécut ainsi pendant trois ans chez les Grundrich qu’elle considérait comme ses vrais parents. Quand sa mère naturelle vint une fois en visite, elle demanda : « Mais qui est cette dame ? ». Mme Sacaze et ses trois enfants vinrent bientôt eux aussi s’installer chez les Grundrich parce que Georges Sacaze, recherché par la police, avait plongé dans la clandestinité. Sylvia fut considérée comme leur petite cousine. En 1945, quand ses parents vinrent la rechercher, sa séparation des Grundrich fut vécue comme un grand déchirement des deux côtés. Elle maintint avec eux des liens affectueux ainsi qu’avec les Sacaze jusqu’à leur décès.       

Le 3 mai 2001, Yad Vashem a décerné à Paul-Jean et Marie Grundrich et à Georges Sacaze le titre de Juste des Nations.

 

Famille Gründrich en 1951 à Castelnaudary

N° 29 - 30 : Marie Louise et Jeanne Vernusse

Jeanne Vermusse, jeune femme célibataire d'une trentaine d'années, vivait à Mont Ferrand, faubourg de Clermont-Ferrand, avec sa mère. Elle était vendeuse dans un magasin de lingerie. En 1942, elle fit la connaissance de M. Krajn, un Juif qui vivait seul avec sa petite fille de cinq ans, Yvette, dans une petite pièce au dessus d'un café très fréquenté. Il était séparé de sa femme, qui avait la garde de leur seconde fille, Suzanne. Jeanne offrit immédiatement de prendre la petite qui fut accueillie chaleureusement par Mme Vermusse. Suzanne étant elle aussi en danger, Jeanne et sa mère la recueillirent également. Jeanne présentait les deux petites filles comme ses nièces. Elle les inscrivit à l'école municipale sous son propre nom. Dans leur témoignage après la guerre, Yvette et Suzanne évoquent leur existence chez les deux femmes, qui se privaient toutes deux pour que les fillettes aient assez à manger, car elles n'avaient que des moyens fort modestes ; Jeanne avait un maigre salaire et sa mère ne travaillait pas. Lorsque le bruit courut que la police cherchait des enfants juifs, Jeanne, inquiète, cessa d'envoyer les petites à l'école; chaque soir, en rentrant du travail, elle leur apprenait à lire, à écrire et à compter. Une voisine menaça de dénoncer les deux gamines. Jeanne les plaça en toute hâte chez une famille de St. Gervais d'Auvergne, qui accepta de les héberger moyennant le paiement d'une pension. Jeanne trouva les fonds nécessaires; elle continua à rendre visite aux petites chaque fois qu'elle le pouvait. Après la Libération, les Krajn vinrent chercher Yvette et Suzanne, mais restèrent en relations avec les deux femmes. Dans son témoignage, Yvette dit clairement que la maison de Jeanne était son deuxième foyer : "Les premiers pas de mon fils se sont faits dans leur jardin." Jeanne ne se maria jamais. Elle dit plus tard qu'elle voyait en Yvette et Suzanne ses propres enfants et que leurs enfants étaient pour elle des petits-enfants.

Le 24 mars 1996, Yad Vashem a décerné à Jeanne Vernusse ainsi qu'à sa mère, le titre de Juste parmi les Nations. 

7 Familles arrêtées dans le département

 
Cailhau 
20/02/1943  Famille Reiss  -  Le 20 février 1943, arrêté parce que Juif par les gendarmes de  Belvèze-du-Razès,  Wilhelm, né le 19 novembre 1882 à Francfort (Allemagne), est interné au camp de Gurs sous le nom de "Guillaume Reiss".  Wilhelm, 61 ans, sera envoyé à Drancy le 27 février et déporté sans retour le 4 mars 1943 de Drancy vers Majdaneck par le convoi n° 50 et gazé immédiatement. 
Déportation : 04/03/1943 convoi no  50


Capendu 
20/05/1944  Famille Marcovici  -  M. Marcovici, roumain horloger-bijoutier, naturalisé français depuis une vingtaine d’années et son épouse, Mme Marcovici, de souche bordelaise depuis de très nombreuses générations, ont 4 enfants : Edgar, 18 ans,  Robert, 15 ans, né à Nice en mars 1928, Mireille, 13 ans, et Claude, 6 ans.  Robert Marcovici  et sa famille, dénoncés, sont arrêtés parce que juifs à Capendu le 20 mai 1944, jour de l’Ascension, avant le repas de midi qui est resté sur la table. Mme Marcovici et ses filles sont emmenées sans ménagement dans une berline SS ; M. Marcovici et ses fils, menottes aux poignets, encadrés par des SS armés, traversent tout le village pour atteindre la gare de Capendu. Ils seront déportés de Drancy à Auschwitz par le convoi n° 75 du 30/05/1944 qui transporte 1 000 personnes, dont 112 enfants. La dernière fois que la famille se verra, ce sera durant la "sélection" à Birkenau. Seuls Edgar et  Robert  reviendront d'Auschwitz. 
Déportation : 30/05/1944 convoi no  75


Carcassonne 
1942  Famille Rosner  -  Norbert (Hans), 56 ans, né le 11 septembre 1886 à Przemysl (Pologne) et son épouse Gisela, 50 ans, née Strimpel le 21 mars 1892 à Maehrich Ostrau habitaient à Graz (Autriche). Réfugiés à Carcassonne, ils sont arrêtés parce que juifs et déportés sans retour vers Auschwitz. 
JO : DAF-ED 2199712


Lagrasse 
1942  Famille Block  -  Marcel est né à Sainte-Marie-aux-Mines, le 06/02/1895. Il était veuf de Juanita Shönfeld et habitait l'école hôtelière de Nice. Interné parce que juif au  317e-318e GTE, Marcel, 47 ans, est arrêté et déporté sans retour de Drancy à Auschwitz par le convoi n° 25 le 28/08/1942. 
Déportation : 28/08/1942 convoi no  25 
JO : DAF-ED 1785897


Lespinassière 
20/07/1944  Famille Lévy-Seckel  -  Raymond Lévy-Seckel, né le 13 janvier 1912 à Mulhouse, ingénieur en textiles, résistant juif, est arrêté à Albine (Tarn). Après un violent interrogatoire, il est emmené à Lespinassière où il est fusillé le 5 août.
En 1945, une stèle érigée à cet endroit rappelle son sacrifice. Il est nommé capitaine à titre posthume et déclaré "Mort pour la France". 
Date d'exécution : 05/08/1944


 

3 Familles hébergées, cachées ou sauvées de l'Aude

Lagrasse


1941 - 1960  Famille FREUND -  Lily Freund, née le 3 février 1918 à Vienne (Autriche) a profité de son statut d'étudiante à la Sorbonne pour quitter définitivement son pays le jour de l'Anschluss (12 mars 1938), tandis que son ami fût arrêté dans le train qui les conduisait à Paris. Lily n'a eu de cesse que de faire venir sa famille en France, ce qui fût fait à travers l'Italie, puis en barque depuis Monaco. Après une période niçoise, ce fût l'errance de camp en camp (Agde, où décéda la grand-mère qui repose au cimetière communal, Gürs que Lily réussit à quitter avec sa mère Lotte et sa tante Katarina..) qui se termina à Lagrasse où elles furent cachées jusqu'à la fin de la guerre dans le grenier de la maison de Charles Devèze et de sa mère Adèle. Le jour de la Libération, Lily apprenait que Charles, alias Sirocco, était le chef de la résistance dans cette partie des Corbières (canton de Lagrasse).

05/1944 - 08/1944 

Famille Niger -  Paula  fut protégée par  Lucien  et  Agnès Bertrand* à  Lagrasse  de mai 1944 à la Libération.


05/1944 - 08/1944 

Famille Tattman -  Martin Tattman  fut protégé par  Lucien et  Agnès Bertrand à  Lagrasse  de mai 1944 à la Libération.