Poèmes du 31 janvier 2021
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Jean ESPARBIE
Chapeau bas
À Roger
Chapeau bas pour l’élu, d’une commune maire
Dans les tourments du temps et ceux des habitants
Toujours à demander qu’il veuille bien leur plaire
Sur les moindres sujets, surtout inquiétants.
Il offre chaque jour à notre République
Le velours merveilleux pris au cœur des humains
Alors que des partis dans l’action publique
Peinent à donner l’espoir pour tous les lendemains.
À la fin du mandat, heureux, l’âme sereine,
Il passe le relais au digne successeur
Qui obtiendra dès lors dans l’aventure pleine
Les résultats certains d’un nouveau bâtisseur.
Mario FERRISI
Le clocher vert
C'était un paysage peuplé d'ambre et d'azur
Sur la route vivante déviant vers Malepère
Je levais mon regard vers les pins parasols
Dont le vert s'agitait, tourmenté par le vent
Au delà des collines poudreuses et calcinées
Voici le clocher vert que Laugé peignait tant
Je fermais mon regard à la douceur de l'air
Aussi spirituel, savoureux comme un vin
Tout exhalait le miel, le thym et la lavande
Émanations sorcières, emplies d'incantation
Dont les relents anciens accompagnaient mes pas
A l'heure où s'étiolaient les rumeurs de la vie
Puis lorsque les rayons baissaient aux heures tardives
Venaient se révéler sous l'arceau d'un rameau
De prestigieux ramiers à la grandeur aisée
Enchantement étrange et fantasmagorique
Ces fastueux décors fardés d'azur et d'or
Que j'aimais coudoyer tout au long des saisons
Répondaient à mes sens comme un limpide écho
Redoublant d'émotion, pathétique grandeur
***
Brumaille
Y'a plein de mots muets qui s'écrasent au plafond
Des poésies fanées, des pensées défleuries
Beaucoup d'idées brisées, des versets de prison
Qui défaillent à mes pieds, mollement, sans un bruit
Y'a plein de mots damnés issus des soirs de drame
Qui n'ont plus rien à perdre, des grands mots de départ
Des chagrins étouffés, des coups de poing dans l'âme
Des errances, des faux-pas, des souffles... qui viennent échoir
Y'a des mots inutiles, d'esprit, des mots de passe
Que l'on ne cherche plus, devenus dérisoires
Des sentences éteintes qui errent et qui trépassent
Des mots bleus... de la lune... qui disent qu'il est trop tard
Y'a même plus d'empreintes, de pistes ni de sillons
Y'a que des labyrinthes où se perd la mémoire
Les mots sont transparents, sans imagination
Tout imprégnés de pluie, saisis dans un mouchoir
Y'a plein de mots muets qui s'écrasent au plafond...
Des mots plein d'espérance, sans barrière, sans péage
Mais où est l'arc en ciel, où sont les rebellions ?
Les loups sont affamés, ils attendent au grillage !
Claude SUBREVILLE
Mon tout petit puits…
C’est mon tout petit puits
Sans une goutte d’eau
Sinon de l’eau de pluie
Quand il ne fait pas beau..
Le vent a emporté
Ses morceaux de toiture,
Les années ont maté
Sa modeste posture.
Je l’ai pris avec moi
Avec délicatesse,
Je lui ai refait le toit,
Pour cacher sa vieillesse.
Nouvelle manivelle
J’ai fabriqué encor
Ce ne sera plus celle
Qui était son décor..
J’ai tout consolidé
Pour qu’il soit bien en place,
Au pinceau l’ai traité
Pour le rendre vivace…
C’est mon tout petit puits
Si des fois il y a de l’eau
C’est celle de la pluie,
Celle qui vient d’en haut !
Guy PUJOL
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Evelyne GENIQUE
À l'ombre d'une treille
Il prend son pinceau,
D'un trait il dessine
C'est le début de l'automne
Qui se pare peu à peu
De brun aux reflets d'ambre
Le vent fraîchit
Sensible au temps dehors
Dont les couleurs diffèrent !
Tout se colore en or et feu
Là assis sur un vieux tabouret
Pour tracer l'infini des éléments.
A l'ombre d'une treille,
Il a barbouillé sa palette
De sienne brûlée.
Ses gestes amples, harmonieux
Et, peu à peu, naît une forme...
Il s'essuie sur son tablier,
Contemple en tous sens...
Son corps figé devant la toile,
Son talent toujours s'éveille.
Au loin jaillit une lumière.
Il manque la musique
A son ballet des formes.
Les pinceaux sont rangés
Sur la palette des couleurs enchevêtrées.
La toile est parée
D'un paysage éblouissant.
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