La sélection du jour
Auguste ARMENGAUD
Gospel in Harlem
Dieu n’est pas noir.
L’église abyssinienne de la 133e rue est comble,
De belles élégantes et leurs chapeaux de mirmillons
De messiers gominés « smokinés » de crêpe sombre.
D’une chasuble de jais à galons rouges
Deux mains noires invitent à prier.
Le prêtre sourit.
Il parle du quotidien, difficile et grotesque
On rit, on approuve, on applaudit.
Ses paroles sont un remède à l’esprit,
Un cataplasme sur une plaie qui suppure.
Le chœur a entonné et les larmes sont venues.
Des voix à nulle autre, à larges flots,
Ont monté vers le Dieu blanc du vitrail
Aux mains percées d’un trou.
Douces, graves, chaudes d’une plainte,
Effervescentes, retenues, fiévreuses,
Bouleversantes de souffrance et de beauté, non résignées de peur.
Elles ont roulées sur mes joues, frêles comme une lyre,
Unies, modulées, coléreuses,
Pour le frère qui dort dans un carton d’emballage
Celui qui tend la main du dénuement
Ivre à force d’avoir faim,
Pour la crasse et les rats du caniveau,
Les graffiti des murs sombres, les odeurs de poubelles,
L’indifférence, la différence,
Une voix flottante comme la bannière d’un pays qui n’existe pas.
Une larme pour l’ami qui meurt sur le trottoir.
La prière communie de la haine et de l’amour.
Puis il y eut les mains qui ont scandé
Telle une salve qui jaillit
Le destin, la force, la joie,
Au rythme d’une brûlure qui bat
Qui résonne comme un bazooka
Freedom, O, freedom O O
Plus vrai, plus fort, plus haut
Et les regards se sont tournés
Cherchant la paix, dignes et grands,
Au fond des yeux de vie.
Ils ont serré nos mains, elles ont embrassé nos joues.
Va, dis ce que tu as vu. Tu reviendras. Chante beau.
Mon Dieu, pourquoi n’es-tu né ici-bas, noir de peau.
***
Mario FERRISI
Ciel rouge
A l'horizon du ciel des grands soirs de juillet
Le soleil dégurgite ses ripailles sanglantes
Dans un élan ultime de prévôt justicier
Il meurt sous les bravos en flammes aveuglantes
Il lui tardait sans doute d'étouffer son brasier
Pour ne plus éclairer ce monde de misère
Où s'exalte le crime, les cités dépravées
La plèbe nauséeuse aux furies incendiaires
Où les flots d'abatteurs déciment les grands bois
Et jettent l'épouvante aux arbres des forets
Où le noble décor du glacier d'Alaska
Craint d'être dépouillé du charme et de l'attrait
Ce soir, l'incandescent dramatise l'alpage
Les ramiers médusés acclament la manœuvre
Ils sont les plus ardents à fêter ce tapage
Et saluent la magie flamboyante de l'oeuvre
Mais le front impérieux de l'astre paradeur
Reviendra dès demain, colosse gigantesque
Pour féconder l'espace d'une auguste splendeur
Et inonder d'aurores les beautés pittoresques
***
Jean FOURIE
Estèlas
Per delà nuèits e jorns
Que davalan del cèl
Que dison las estèlas ?
Per delà albas e calabruns
Relòtges del silenci ;
Per delà monts e vals
E mai luènh que la lum
Que dison las estèlas ?
Presonièr de sa gabia de carn
L'uèlh cèrca sens saber,
Sens saber e sebs veser
L'infinit del neient.
Que dison las estèlas
Al cercaire de vida ?
Le crit dels òmes s'esperlonga,
Cada jorn ten son mistèri
E cada sèr sas paurs novèlas.
Que dison las estèlas
Dels lendemans sens fin ?
La vela es alandada
E la nau s'enfiòca
Dins un lhauç d'esperansa.
Traduction
Etoiles
Au-delà des nuits et des jour
Qui descendent du ciel
Que nous disent les étoiles ?
Au-delà des aubes et des crépuscules
Horloges du silence,
Au-delà des monts et des vallées
Et bien plus loin que la lumière
Que nous disent les étoiles ?
Prisonier de sa cage de chair
L'oeil cherche sans savoir,
Sens savoir et sans voir
L'infini du néant.
Que disent les étoiles
A celui qui cherche sa vie ?
Le cri des hommes se prolonge.
Chaque jour à son mystère
Et chaque soir ses peurs nouvelles.
Que nous disent les étoiles
Des lendemains sans fin ?
La voile est déployée
Et la nef prend feu
Dans un éclair d'espérance.
***
Evelyne GENIQUE
À l'ombre d'une treille
Il prend son pinceau,
D'un trait il dessine
C'est le début de l'automne
Qui se pare peu à peu
De brun aux reflets d'ambre
Le vent fraîchit
Sensible au temps dehors
Dont les couleurs diffèrent !
Tout se colore en or et feu
Là assis sur un vieux tabouret
Pour tracer l'infini des éléments.
A l'ombre d'une treille,
Il a barbouillé sa palette
De sienne brûlée.
Ses gestes amples, harmonieux
Et, peu à peu, naît une forme...
Il s'essuie sur son tablier,
Contemple en tous sens...
Son corps figé devant la toile,
Son talent toujours s'éveille.
Au loin jaillit une lumière.
Il manque la musique
A son ballet des formes.
Les pinceaux sont rangés
Sur la palette des couleurs enchevêtrées.
La toile est parée
D'un paysage éblouissant.
***
Claude SUBREVILLE
Devant ce corps de femme
Face à ce corps de femme
Aux formes bien moulées ,
Se tisse une trame...
Au fonds de ma pensée. ..
Mon regard est curieux..
Je découvre en douceur
Quelque chose à mes yeux
Qui est plein de saveur... !
Alors , comment agir...
Faut-il se retenir ?
En donnant à cet « être ››..
Un air de ne pas être ?
Partager ce moment..
Avec enchantement...
Serait-ce une épreuve ?
Une expérience neuve.. ?
Est-ce toujours ainsi ?
Faisons nous un pari ?
Ou une découverte. ..
Qui nous mène à la perte ?
Alors faut-il oser ,
S'engager et bondir ?
Ne faut-il pas poser...
Tout stopper ,réfléchir ?
]'arrête de rêver
Déjà ,je me réveille. ..
L'hom1ne va relever
Cet amant qui sommeille !
***
Guy PUJOL
Balades poétiques
https://bienvenue-chez-ariejoie.fr/ballades-poetiques-1.html
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